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tiques gardent quelque entrain. Ils transportent à la cave les potins de l’office, et — satisfaits peut-être d’étonner la galerie — ils étalent leur prodigieuse connaissance de la vie secrète de leurs patrons.

Quelques propriétaires d’hôtels particuliers se sont aménagé un réduit souterrain selon le dernier cri du confort. Une de mes amies m’a fait visiter sa cave modèle. Rien n’y manque : divan-hamac, tables volantes, petite bibliothèque. Tout y est prévu : flacons d’hyposulfite contre les effets d’un nouveau gaz vésicant, l’ypérite, dont les bombes seraient chargées ; lampes électriques portatives, destinées à remédier à la rupture du courant ; fourneau à pétrole, boîtes de conserves, qui permettraient de s’alimenter pendant un long ensevelissement ; même des sifflets d’argent pour appeler au secours, signaler qu’on est encore vivant sous les décombres.

Les gares du métro, tout au moins celles qui sont suffisamment profondes, servent aussi de refuge. Paron, surpris par une alerte dans une des stations de la périphérie, me décrivait la foule entassée sur les quais, pendant des heures. D’ignobles plaisanteries, des femmes étouffées, qui hurlent et s’évanouissent ; des enfants qui satisfont tous leurs besoins ; des mains auda-