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Un brouillard impénétrable emplissait la rue quand, l’alerte et la représentation terminées, les spectateurs sortirent du théâtre. Des centaines de lampes électriques de poche, aux mains des passants, s’efforçaient en vain de le percer. Des gens assuraient gravement qu’il était artificiel. Tel est le délire des imaginations.

Pendant la pièce, Anatole France était resté près de l’administrateur, qui se renseignait au téléphone sur les points de chute. Quand on apprit que, le feu s’étant déclaré au Ministère de la Guerre, des dossiers, des paperasses innombrables brûlaient, Anatole France dit en souriant : « Maintenant, je commence à croire à la victoire. »

Il admira la conscience professionnelle des comédiennes, qui continuèrent de jouer malgré le danger. Il assura que l’une d’elles avait même profité du trouble pour rétablir des tirades qu’on lui avait coupées aux répétitions. Et pourtant, on avait décidé de « déblayer », d’accélérer le troisième acte. « Pour la première fois, dit-il, on a parlé à la Comédie-Française comme dans un théâtre du boulevard. »

Encore un écho de ce raid : l’explosion d’une bombe a défoncé la grande porte de l’ambassade d’Allemagne.