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23 février 1918.

Encore des poings crispés, des bouches écumantes, des yeux exorbités, une marée d’injures répandues par la presse. Lénine et Trotsky, devant la marche des Allemands sur Pétrograd, ont accepté la paix des Empires Centraux. Paix d’annexions et de démembrement, dit-on. Déjà les Allemands ont traité avec l’Ukraine, la Finlande, la Roumanie. Satisfaits à l’est, ne vont-ils pas refluer vers l’ouest de toutes leurs forces ? Mais nos partis de guerre n’appuient pas sur cette crainte. Pour eux, l’événement fait surtout exemple. Oubliant que les Russes ont démobilisé, que les Allemands marchent contre un peuple désarmé, ils s’écrient : « Vous voyez, c’est la victoire par les armes. C’est le triomphe de la force. Voilà comment on impose la paix ».

Et d’exalter l’excellence de la méthode.

Toute la haine se concentre sur la révolution russe. On la traite comme les Impériaux traitèrent la Révolution française de 1789. Au lieu de lui marquer de la sollicitude, de la sympathie, suivant les vues lucides de Wilson, on a rompu