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teindre à travers Bolo. Quand l’ancien président du Conseil fut arrêté, ils disaient en argot policier : « Maintenant, Bolo va se mettre à table ». Ils escomptaient que Bolo tenterait de lier son sort à celui de Caillaux, afin d’être traduit devant la Haute Cour et de sauver sa tête. Mais au procès, il apparut clairement que Caillaux n’était pas le personnage politique dont l’aventurier promettait le concours à ses dupes.

Cependant ses ennemis ne se découragent pas. Ils évoquent maintenant contre lui une affaire Lipscher, une lettre Cavallini. Dans la folie universelle, une nouvelle mentalité judiciaire paraît s’installer. On arrête d’abord, on s’efforce ensuite de justifier l’arrestation. C’est de cette sombre justice de guerre qu’Anatole France disait récemment : « Elle trouve toujours le criminel, rarement le crime. »

À propos de l’instruction de l’affaire Caillaux, Foucard, solennel, inspiré, la barbe répandue sur le jabot, disait aujourd’hui devant moi :

— On bat les buissons afin de faire lever le lièvre. Car il y a un lièvre.

Paron a grincé :

— C’est un lapin.