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c’est de produire et de vendre. Donc, les moteurs tournent, les fruits du travail s’engerbent jusqu’au faîte des magasins. C’est fort bien. Mais il faut les écouler. Voilà le drame.

« Ah ! C’est que la concurrence est rude, entre les féodalités nationales. Renonçant à franchir ces hautes barrières douanières où s’enferment les vieilles nations, nos maîtres regardent au loin, vers les pays neufs, vers les terres vierges, afin d’y lancer du rail et du câble électrique, d’y placer des machines et des canons. On civilise, on colonise. Mais déjà les rivaux sont là, à pied d’œuvre ! Alors, on se montre les crocs, on s’arrache avec acharnement chaque concession. Et, à la fin, on s’irrite de rencontrer, sur tous les marchés du monde, des concurrents dont on n’aurait raison qu’en rognant son propre bénéfice… Il faut pourtant sortir d’une situation intolérable, surtout qu’on est talonné par cette incessante, cette double nécessité de produire, de toujours produire, et de vendre.

« C’est alors qu’on décide d’agiter l’opinion, afin d’agir sur les gouvernants. On les contraindra de servir et d’épouser sa cause. D’un même coup de clairon d’alarme, fier et grave, on va les jeter à la surenchère si profitable des armements et des effectifs et, en même temps, faire d’eux