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journaux suisses, représente le bombardement aérien de Paris comme une réponse aux raids exécutés sur les villes allemandes dans la nuit de Noël. C’est un enchaînement sans fin.

La foule s’amasse devant les édifices atteints. L’opinion s’y répand que l’ennemi, en visant le Crédit Lyonnais, l’École des Mines, l’École des Beaux-Arts, a voulu systématiquement détruire nos richesses, nos pépinières d’ingénieurs et d’artistes. Imaginer qu’à 2.000 mètres, en pleine nuit, avec une bombe, on puisse atteindre un toit désigné, dans l’océan de Paris… Cette crédulité ne témoigne-t-elle pas du désordre des esprits ? Un jeune député aviateur, qui a fait des rondes nocturnes au-dessus de Paris, expliquait aujourd’hui, devant moi, qu’on ne distingue que les gares, la Seine, et l’étoile d’avenues qui rayonnent, de l’Arc de Triomphe. Il ajoutait qu’un aviateur n’a que le souci de jeter ses bombes au plus vite, d’éviter le remous et de s’en retourner.

Villequier, toujours héroïque, réclama la suppression de l’alerte : les pompiers l’empêchent de dormir. Et comme on signale dans les gares une recrudescence de départs, chacun de s’en féliciter autour de moi : « Tant mieux. Paris sera plus facile à ravitailler. »