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1er février 1918.

Dans la nuit du 30 au 31 janvier, les avions allemands sont venus sur Paris. C’est, je crois, leur premier raid nocturne sur la ville même. Le cri des sirènes automobiles, que les pompiers mènent grand train par les rues, a précédé de peu les tirs de barrage et le bombardement. Les projecteurs, les signaux, les fusées, les éclatements d’obus, faisaient feu d’artifice à l’horizon. Au zénith, les phares des avions de chasse constellaient d’étoiles mobiles le ciel pur, éclairé de lune.

Les journaux d’hier et d’aujourd’hui sont muets sur les points de chute, d’ordre de la censure. Ils tirent de l’événement les conséquences qu’ils en espèrent : « Ce raid exaltera encore notre vaillance… Sursaut d’énergie… C’en est fini des défaitistes… Soyons tous groupés autour de nos admirables chefs militaires ». L’un d’eux déclare sérieusement que nous étions humiliés et jaloux de n’être pas bombardés comme Londres, et que nous voilà enfin satisfaits.

Ils réclament des représailles. Mais le communiqué allemand du 31 janvier, publié par les