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aux négociations de paix afin de se porter garants des engagements pris, des conditions adoptées. Ainsi, les Allemands n’eussent abandonné les territoires russes, par eux envahis, qu’en échange de restitutions — leurs colonies, par exemple — que la Russie, à elle seule, ne peut pas leur promettre. Mais l’Entente a refusé d’envoyer des représentants à Brest-Litowsk. Aussitôt, les annexionnistes allemands de triompher. Ils prétendent garder leurs gages territoriaux, puisque la Russie ne peut pas leur garantir des compensations qui devraient être ratifiées par l’Entente.

Non, on n’a pas écouté les adjurations de Wilson. On n’aide pas la jeune Russie. On lui tient rigueur d’être lasse du carnage, d’avoir publié les fameux accords secrets de février 1917, d’avoir ainsi donné aux vues de l’Entente un caractère impérialiste, d’être un dangereux exemple de libération populaire. Et pourtant… Ne devrait-on pas lui savoir gré d’avoir répandu jusqu’en Allemagne les ferments de révolution ? Grâce à eux, la lutte entre les partis de guerre et les partis pacifiques s’aggrave en ce pays. Qui sait si elle n’entraînera pas cette démocratisation de l’Allemagne dont l’Amérique a fait une des conditions de la paix ?