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La nouvelle officielle de la signature de l’armistice avait été accueillie par un silence de deuil et de réprobation. Mais aujourd’hui, les journaux lâchent leurs cataractes d’injures. C’est que les maximalistes — qui proclament par ailleurs le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à se grouper selon leurs origines ethniques — demandent que des représentants alliés assistent aux négociations. On veut voir dans cette suggestion une manœuvre, destinée à entraîner la paix générale. Aussi se hâte-t-on de dénoncer, de conjurer une fois de plus l’affreuse menace.

Paron me dit, narquois : « Selon la thèse officielle, la France, au lieu de rester neutre, s’est portée aux côtés de son alliée la Russie, engagée dans la querelle serbe. L’ayant suivie dans la guerre, pourquoi ne la suit-elle pas dans la paix ?

5 janvier 1918.

« Mais si la guerre s’arrêtait maintenant, nous serions ruinés ! » C’est une réplique que je m’attire souvent, quand j’appelle la paix. Ne serons-nous pas ruinés davantage, si elle ne s’arrête pas ?