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Quelle houleuse destinée… Il rappelait volontiers ses débuts humbles et rudes. Puis il devint officier, journaliste, sénateur. En août 1914, il appréhendait pour lui le sort de Jaurès : ne l’accusait-on pas d’avoir précipité la guerre en dénonçant à la tribune un manque de préparation militaire ? Au contraire, sa campagne « Des canons ! Des munitions ! » le met au rang des grands prophètes orthodoxes. Son journal fortifie sa puissance. Gens en place, généraux, lui font une plate cour. Il dédaigne d’être ministre : « J’en vaux trois ». Éclate l’affaire Bolo. Le « gros Charles » se sent-il atteint ? Il se roidit, lutte, menace, debout. Soudain, il s’affaisse. Poursuivi par la justice, renié par la plupart de ses rédacteurs, il n’est plus rien pour un temps.

17 décembre 1917.

Et pendant que l’atmosphère de drame se trouble et s’épaissit, on colporte des mots — plus ou moins véridiques — de Clemenceau. Avant le premier Conseil du nouveau Cabinet, le hasard des allées et venues le laissa seul avec