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de vindicte et de cruauté que la guerre a déchaînés dans les âmes.

Jamais, depuis trois ans, le rôle tout-puissant de la presse n’apparut aussi nettement, dans une aussi dure lumière. Car le passant n’est renseigné que par la presse. Ce qu’il croit savoir de Caillaux, il le tient uniquement de la presse. L’opinion qu’il croit s’être faite de Caillaux fut forgée par la presse. Et le cri de haine qu’il croit jailli de son cœur n’est que le docile écho des fureurs calculées de la presse.

Pouvoir sans pareil au monde, seul capable d’aussi détestables miracles : un grand bourgeois, s’attirant par là même la vindicte de sa caste, sert à deux reprises la cause des humbles, en leur évitant la guerre et en s’efforçant d’alléger leurs charges ; et la presse parvient à déchaîner ces humbles contre lui…

Sous ce coup de stupeur, on oublie les autres événements de ces derniers jours. Certains, pourtant, étaient d’importance. L’armistice signé par cette même Roumanie dont l’intervention éveilla de miraculeuses espérances. La prise de Jérusalem par les Anglais, que les cloches de Londres, muettes depuis trois ans, célèbrent à toute volée. Charles Humbert poursuivi. Il aurait accepté pour son journal les millions de Bolo.