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de ces vastes groupements, on découvre une banque. Le métallurgiste et le financier se sont étroitement unis sur le dos du travail, la bonne bête de somme. Le fer et l’or ont fusionné : ils ont réalisé un alliage irréductible.

« Enfin — et voilà le véritable secret de sa puissance — dans chaque pays encore, la féodalité du métal domine la grande presse. D’abord, elle a ses organes avérés, dont elle est souvent l’unique actionnaire. Mais les autres ne lui échappent pas. Leurs patrons inclineraient spontanément à la servir, ne fût-ce que par esprit de caste et solidarité d’appétits. Mais une loi plus inflexible les y contraint : actuellement, les grands journaux ne peuvent pas vivre sans publicité. Ce sont des murs où l’on achète le droit d’afficher. S’ils ne sont pas à vendre, ils sont à louer. Et la finance industrielle, principale locataire, abondante en largesses, est là comme chez elle.

« Alors, maîtresse de ce formidable instrument, elle s’en sert pour fabriquer l’opinion. Parfaitement. Et la tâche est facile. Car nous vivons juste dans un temps où l’on a appris à lire à la foule, mais où on ne lui a pas encore appris à réfléchir. Le lecteur ne discute pas « son journal ». Il le croit aveuglément. Pour lui, chaque