Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bien des guides m’ont indiqué le chemin. Dès 1907, le clair génie d’Anatole France lui inspirait ces lignes prophétiques : « La violence industrielle engendre la violence militaire. Les rivalités marchandes allument des haines qui ne peuvent s’éteindre que dans le sang. L’état capitaliste, comme l’état féodal, est un état guerrier. C’est le canon qui établira les douanes, fixera les tarifs, ouvrira, fermera les marchés. L’extermination est le résultat fatal des conditions économiques où se trouve aujourd’hui le monde civilisé. »

« Voilà, tracées de main de maître, les grandes lignes du tableau. Mais comment la violence industrielle a-t-elle abouti à la violence militaire ? Tout est là.

« Il faut d’abord vous rendre compte qu’il existe à notre époque une industrie qui dépasse et qui commande toutes les autres : la métallurgie. Elle fabrique les armements, les machines, les charpentes, les outillages, les rails et les moteurs. Qu’elle disparaisse, le monde s’écroule. Elle dessine vraiment l’ossature, le symbole de la haute industrie. Dans chaque pays, elle se groupe, s’agglomère en sociétés, comptoirs, ententes, comités, trusts et cartels. Puis, partout, elle a lié partie avec la finance. Derrière chacun