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À la Chambre, un huissier avait découvert, dans le vestiaire du député Turmel, 25.000 francs en billets suisses dont on suspectait l’origine. Il y a deux jours, on apprit que le président Monnier était traduit devant ses pairs, pour imprudences professionnelles. Il se serait porté garant d’un certain Bolo, personnage mystérieux qui, chargé de millions, achèterait des journaux au compte de l’ennemi. Hier, ce Bolo fut arrêté dans des circonstances dramatiques. Il était malade au Grand-Hôtel. On le descendit sur une civière. Et, tandis qu’on le glissait dans une voiture d’ambulance, la foule criait : « À mort ! À mort ! »

Certes, quelques aventuriers, se flattant d’une influence qu’ils n’ont pas, plus soucieux encore de duper l’ennemi que de le servir, ont pu lui promettre de soudoyer des journaux afin de précipiter la paix. Prétention imbécile, puisque la Censure, armée d’un pouvoir absolu, interdit tout article qui lui semble pernicieux.

D’ailleurs, comment s’étonner que quelques misérables veuillent exploiter la paix, quand il y en a tant pour exploiter la guerre ?

Mais n’eussent-ils commis qu’un crime d’intention, sans doute seront-ils sévèrement châtiés. Car il faut que le coup porté aux trafiquants du