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de plus, la preuve éclate que, parmi toutes les religions, celle de la patrie est la plus farouche, la plus forte.

Hier, on a su que les Empires Centraux repoussaient l’offre pontificale, précisément parce qu’elle ouvre la discussion sur l’Alsace-Lorraine et le Trentin. Allait-on reconnaître au moins qu’on l’avait calomniée, qu’elle n’était pas inspirée par l’Allemagne ? Jamais. On a tout de suite trouvé une subtile explication de l’attitude ennemie : les Empires Centraux repoussent la proposition du Pape, parce qu’ils savent que l’Entente l’avait repoussée la première. En fait, ce n’est pas l’Entente qui a parlé, ce sont ses journaux. Mais ne sont-ils pas le porte-voix de nos maîtres ?

Le Pape n’accapare pas toute l’attention. Le Conseil des Ministres a dû s’occuper de Deauville, où deux généraux anglais, fort ivres de champagne, ont déchaîné un tel scandale qu’il a fallu — mesure extrême — supprimer le tango. Là-bas, le luxe est plus insolent, la fête plus effrénée que jamais. Ceux qui prêtent au grand massacre une vertu rédemptrice disent : « Oh ! il y aura quelque chose de changé, après la guerre ». Allons donc ! Rien n’a changé, même pendant la guerre.