Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

apparaît moins grosse de rancœurs et de revanches, plus paisible que la paix future. Malheur à eux ! Et les échansons, chargés d’enivrer la foule, marquent d’un mot ignoble ceux qui gardent un peu de raison.

Ganville, 2 aout 1917.

D’une lettre de Paron : « Oh ! Le boulevard, vers sept heures d’un soir d’été, à la quatrième année de guerre… Aux terrasses des cafés, où les violons ont reparu, c’est un incroyable déchaînement de vie et de plaisir. Des permissionnaires, qui flambent en dix jours les réserves d’ardeur et d’argent accumulées en quatre mois. De jeunes officiers, passementés des signes de la gloire, cravatés de satin blanc, le col ouvert, les jambes guêtrées de hautes bottes fauves, promènent des filles éclatantes, les étreignent, les pétrissent, leur parlent dans la bouche. Et les autos, où les couples s’aspirent et se pâment, sont autant d’alcôves ouvertes sur la rue.

« Sur le trottoir, des catins coiffées de chapeaux en forme d’ombrelle ou de marmite, la