Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lité, au bureau des passeports, elle avait fait viser le sien pour Paris, à tout hasard.

Dans sa chambre, elle commence à brûler ses journaux, ses brochures, sa correspondance, jusqu’au dernier billet de Barbaroux. Pendant qu’elle jette les papiers au feu, un chant de violon s’envole de la fenêtre ouverte devant la sienne, dans la petite cour. Le violon des frères Lacouture, qu’elle a écouté tant de soirs, depuis deux ans. Elle ne l’entendra plus.

Le mardi 9, au matin, elle écrit à son père. Pour tous ses amis elle va précisément le voir. Pour lui, elle imagine un départ pour l’Angleterre, où d’ailleurs s’est déjà réfugié son oncle, l’abbé de Corday :

« Je vous dois obéissance, mon cher Papa, cependant je pars sans votre permission, je pars sans vous voir parce que j’en aurais trop de douleur. Je vais en Angleterre parce que je ne crois pas qu’on puisse vivre en France heureux et tranquille de bien longtemps. En partant, je mets une lettre à la poste pour vous et quand vous la recevrez, je ne serai plus en ce pays… »

Elle prend congé de Mme de Bretteville, qui croit aussi au voyage à Argentan. Dur moment. Tous les liens de l’habitude et de la