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faut bien expliquer ses apprêts. D’ailleurs, elle a tout prévu, tout calculé minutieusement. Elle suit pas à pas le projet qu’elle a conçu, qu’elle a si longtemps porté en secret. C’est tout à fait maintenant comme un être vivant, complet, né d’elle-même, qui se tient invisible à ses côtés, qui l’a prise par la main, et qui la guide, irrésistiblement. Elle lui obéit, comme une mère qui se laisse entraîner par son enfant.

Le lundi 8, au matin, elle reçoit le paquet promis par Barbaroux, une enveloppe cachetée qui contient sans doute la lettre de recommandation et les imprimés à l’adresse de Lauze de Perret. L’envoi est accompagné d’un billet où Barbaroux la prie de le tenir au courant de ses démarches. À son tour, elle lui écrit pour le remercier et lui promettre un récit de son voyage.

Dans l’après-midi, entre ses visites, elle règle de petites dettes et retient sous son vrai nom sa place au bureau des diligences pour le lendemain. Elle est prête. Elle a même un passeport. Elle avait dû se munir de cette pièce au début d’avril, pour aller à Argentan. Et, à la fin du même mois, un jour qu’elle accompagnait une de ses amies à la Municipa-