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pleure sur les malheurs de ma patrie, sur mes parents, sur vous. Tant que Marat vit, qui donc est sûr de vivre ? »

Chez son amie, Mme Gautier de Villiers, à Verson, elle ne parvient non plus à cacher son trouble. Elle se montre tour à tour expansive et distraite à l’excès. Son geste et sa voix ont perdu leur douce harmonie. Ah ! C’est que les liens qui l’attachent à la vie commencent à se rompre. Dans cette promenade à Verson, elle parcourt pour la dernière fois sa campagne normande, tout embaumée de fenaison sous le ciel de juillet ; pour la dernière fois elle respire cette brise qui vient du large, chargée du sel de la mer et de toute la fleur de la terre.

Par contre, rien ne trahit son agitation lorsqu’elle va visiter les jardins du chevalier de Longueville, aux Fossés Saint-Julien. Ou encore lorsqu’elle rapporte des livres à Mme de Pontécoulant, son ancienne abbesse qui, depuis la fermeture des couvents, vit retirée place Saint-Sauveur avec quelques-unes de ses religieuses.

À la plupart de ses amis, elle annonce un prochain voyage à Argentan, où son père habite depuis le mois de janvier. Car il lui