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survint. Continuant de se méprendre sur elle, il complimenta « la belle aristocrate qui venait voir les républicains ». Cette fois, elle ne se contint pas tout à fait. Elle répliqua : « Vous me jugez aujourd’hui sans me connaître, citoyen Pétion. Un jour, vous saurez qui je suis. »

Ce sera son plus vif écart de parole. Pendant ses dernières heures à Caen, elle ne parviendra pas toujours à dissimuler, sous son calme enjouement, la pensée qui la hante. Mais elle ne se trahira jamais davantage.

Le dimanche soir, en rentrant chez Mme de Bretteville, elle s’arrête chez le menuisier Lunel, qui occupe le rez-de-chaussée. C’est assez sa coutume. Mais ce jour-là, elle est agitée, fébrile. Elle décrit la revue du Cours-la-Reine. Puis, frappant de la main la table où les deux époux jouent aux cartes : « Non, il ne sera pas dit qu’un Marat a régné sur la France. »

Ce sont de semblables paroles qui lui échappent lorsque la bonne dame la surprend en larmes et la presse de questions : « Je