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pour qui elle tremblait depuis des mois, et dont la défaite avait fixé sa résolution.

Tous avaient l’auréole du talent, du courage et, certains, de la gloire. Ils étaient ses héros, ses demi-dieux. Ils incarnaient son idéal républicain, qu’ils avaient défendu sans fléchir, au risque de leur vie. N’étaient-ils pas les plus touchantes victimes de Marat ? Ne les avait-il pas dénoncés comme traîtres ? Et n’allaient-ils pas être plus exposés encore, maintenant qu’ils entraient en rébellion ouverte contre lui ? Mais elle les sauverait, eux et des milliers d’autres. Elle leur rendrait la paix. Et, à cette pensée, son secret palpitait en elle d’une vie plus rapide, comme son cœur.

Elle allait les voir… Ils seraient ses voisins. L’Assemblée de résistance mettait à leur disposition l’ancien hôtel de l’Intendance, rue des Carmes. Cette rue se jetait dans la rue Saint-Jean, devant la maison de Mme de Bretteville. De la fenêtre d’une petite pièce contigüe au salon, on apercevait à cent pas le logis des Girondins. Bien des fois la jeune fille devait suivre, de cet observatoire, les allées et venues des nouveaux hôtes de l’Intendance.

Ils arrivèrent à partir du 9 juin, soit par