lui des milliers d’hommes en armes, cent cinquante canons, mèche allumée. Le président lui ordonne de livrer passage. La voix tonnante, Hanriot tire son sabre, enfonce son chapeau : « Vous n’avez pas d’ordre à donner. Nous ne sommes pas ici pour entendre des phrases, mais pour nous faire livrer les traîtres. Canonniers, à vos pièces ! »
Toutes les issues du jardin sont gardées. À l’une d’elles, surgit Marat, escorté d’une bande de gamins : « Je vous somme, au nom du peuple, de retourner à votre poste que vous avez lâchement abandonné. » Le groupe de la Montagne regagne le Château. La Plaine et la Gironde suivent silencieusement.
Derrière le troupeau qu’il a rabattu, Marat rentre en maître. Il dicte ses volontés. Ajoutant ici, retranchant là, il dresse lui-même la liste des trente-deux députés à décréter d’arrestation. Il emporte le vote dans le tumulte, la foule des pétitionnaires et des tribunes mêlée dans la salle aux rangs de la Montagne.
Charlotte connut le 4 juin ce coup de force sans précédent. L’Assemblée avait délibéré