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rouche de la liberté. Et ce prestige influençait l’expression même de la pensée. Les auteurs de ces proclamations célébraient l’héroïque fermeté d’un Mucius Scævola, réprouvaient la félonie d’un Catilina. Et ils déclaraient aux députés : « Soyez des Catons : sinon, nous serons des Brutus. »

Ainsi, par une curieuse rencontre, ces hommes parlaient le langage que l’arrière petite-fille de Corneille avait appris, au presbytère de Vicques, dans l’œuvre de son grand aïeul. Elle le comprenait d’autant mieux. Leur haine de Marat exaltait la sienne. Toutes ces vindictes s’accumulaient dans son cœur.

Ces luttes, que déploraient dans leurs Adresses les magistrats du Calvados, mettaient aux prises, au sein de la Convention, les Montagnards et les Girondins. On avait d’abord donné plaisamment, dans la nouvelle Assemblée, le nom de Montagnards aux fougueux députés qui siégeaient sur les plus hauts gradins à la gauche du président. Ils l’avaient accepté et pris pour enseigne. Ils entendaient pousser à fond la Révolution, la débarrasser de tous ses ennemis, au dedans comme au dehors, et ils soutenaient la nécessité de la violence.