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cassation. La foule, menaçante, n’écoutait rien. Les juges, pour se couvrir, durent persuader les deux condamnés de renoncer à leur pourvoi. Revêtus d’une chemise rouge, ils furent exécutés tous deux, bien que la femme se fût offerte à mourir la première dans l’espoir que son mari serait gracié.

Par un ironique destin, l’abbé Gombault, depuis cette première exécution, avait souvent assisté les condamnés jusqu’à la guillotine. Il parut moins ému, en marchant lui-même à la mort, que lorsqu’il soutenait le courage des autres. Recueilli dans la prière, il gravit lentement les degrés de l’échafaud, comme il montait ceux de l’autel.

Mais la foule avait vu du sang ; elle en voulait voir plus encore. Sous prétexte qu’on ne pouvait pas mettre à mort un brave homme de curé et laisser en vie d’immondes coquins, elle courut aux prisons. Là, elle réclama cinq détenus, assassins et voleurs, dont l’exécution était prochaine. À la vérité, quatre d’entre eux seulement étaient condamnés à mort. Encore avaient-ils fait appel du jugement. Le cinquième n’était condamné qu’à vingt ans de galère. Mais la foule ne s’arrêta pas à ces chicaneries et se régala de cinq exécutions.