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et fin, honnête et lettré ; il avait publié plusieurs Essais et traduit Ovide.

On ignorait l’accusation qui pesait sur lui. Les révolutionnaires prétendaient qu’il correspondait avec les émigrés. Dans le camp adverse, on assurait que des administrateurs du département, dont il avait dénoncé les malversations, avaient juré sa perte. Mais sa femme décida de le sauver. Dans un état de grossesse avancée, elle part pour Paris, sollicite les gens en place, prouve l’innocence de son mari et rapporte un ordre d’élargissement. La poste mettait deux jours, de Paris à Caen. Mme Bayeux mit quinze heures. Elle arrive dans la nuit du 5 au 6 septembre, obtient que le prisonnier soit libéré le 6 au matin.

Mais les circonstances servaient ses ennemis. La Révolution était menacée dans son existence : les souverains d’Autriche et de Prusse, unis aux émigrés, poussaient leurs troupes vers ses frontières. La Législative, qui succédait à la Constituante, avait « déclaré la guerre aux rois et la paix aux nations. » Partout, au bruit du canon d’alarme, parmi les roulements de la générale, ce n’étaient que levées, appels, enrôlements, au nom de « la patrie en danger ».