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d’histoire, de politique, de littérature. Charlotte se plaisait à ce commerce. Et lui s’y plaisait plus encore. Certainement, s’il lui avait fallut prendre un mari, elle aurait choisi Bougon-Longrais.

Mais elle ne voulait pas se marier. Déjà, elle avait écarté plusieurs prétendants, comme M. de Boisjugan de Mingré. Elle avait même découragé M. de Tournélis, malgré le vœu de Mme de Bretteville, dont il était le parent éloigné. Sur cette question de mariage, comme sur bien d’autres, elle se montrait décisive, absolue. Elle répétait à ses amies : « Jamais vous n’aurez à me donner sur vos lettres le titre de Madame… Jamais je ne renoncerai à ma chère liberté… Jamais un homme ne sera mon maître. »

Son besoin d’indépendance n’expliquait qu’en partie son éloignement du mariage. Elle obéissait encore à une ombrageuse, à une incroyable pudeur. Tout l’effarouchait de l’amour inconnu. Confuse d’être si généreusement belle, elle semblait ne baisser la tête que pour masquer ses attraits. Physiquement, elle se repliait sur elle-même.

Et surtout, elle ne s’appartenait plus : elle s’était déjà donnée. Elle s’était consacrée à ses