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logis. Charlotte s’en aperçut vite. Elle s’affecta d’être à charge à son père et résolut de fuir une situation également pénible pour l’un et l’autre.

Un moment, elle envisagea de rentrer dans une communauté. Elle choisit même son couvent : celui des Sœurs de Sainte-Claire, à Argentan. M. de Corday, certain que sa fille se sacrifiait uniquement pour alléger son fardeau, s’y opposa de toutes ses forces.

Charlotte s’inclina. Mais bientôt de fréquentes discussions politiques éclatèrent entre elle et son père. Elle l’avait, en effet, distancé. L’influence des philosophes, l’injustice même dont il était victime, avaient éclairé M. de Corday sur les abus du régime. Toutefois, il était loin de montrer autant d’enthousiasme que sa fille pour les progrès révolutionnaires.

Charlotte, en effet, continuait d’en suivre passionnément l’essor. Depuis la mort affreuse d’Henri de Belzunce, nul autre excès n’était venu ébranler sa foi. Depuis bientôt deux ans, aucune nouvelle tache de sang n’avait souillé la Révolution. La Constituante poursuivait dans la paix son gigantesque travail de reconstruction. La foule avait ramené la famille royale de Versailles à Paris dans un cortège