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dit que le régiment de Bourbon prenait les armes contre la ville.

Est-ce vrai ? La municipalité invite M. de Belzunce à s’expliquer. Il accepte. Il quitte les casernes où il couche. Mais comme la foule le serre de près, le menace du geste, les notables lui proposent, pour sa sûreté, de passer la nuit au Château, c’est-à-dire à la citadelle.

Le 12 au matin, on l’en extrait pour le conduire à l’hôtel de ville. Le tocsin, qui a repris depuis l’aube, a attiré, des environs même, une populace armée de fusils, de fourches et de faux. Henri de Belzunce, surpris la veille au soir par l’alerte, est encore en robe de chambre blanche et en sandales vertes. Il avance péniblement parmi cette multitude en délire qui hurle à la mort.

Il se sait perdu. Déjà, pendant la nuit, au Château, il a écrit à ses camarades une lettre d’adieux et ses dernières volontés. Afin d’échapper à d’odieuses tortures, il décide de se tuer. Il tente d’arracher le pistolet d’un de ses gardiens qui, se méprenant sur le geste, l’abat d’un coup de crosse. Une folle fusillade l’achève. Et c’est une curée sans nom.

La meute se jette sur son corps. On le dé-