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étonnant que le peuple m’ait laissé conduire de l’Abbaye à la Conciergerie. C’est une preuve nouvelle de sa modération. Dites-le à nos bons habitants de Caen ; ils se permettent quelquefois de petites insurrections que l’on ne contient pas si facilement. C’est demain, à huit heures, que l’on me juge ; probablement à midi, j’aurai vécu, pour parler le langage romain. On doit croire à la valeur des habitants du Calvados, puisque les femmes même de ce pays sont capables de fermeté ; au reste, j’ignore comment se passeront les derniers moments et c’est la fin qui couronne l’œuvre. Je n’ai point besoin d’affecter d’insensibilité sur mon sort, car jusqu’à cet instant je n’ai pas la moindre crainte de la mort. Je n’estimai jamais la vie que par l’utilité dont elle devait être. J’espère que demain Duperret et Fauchet seront mis en liberté ; on prétend que ce dernier m’a conduite à la Convention, dans une tribune. De quoi se mêle-t-il d’y conduire des femmes ? Comme député, il ne devait point être aux tribunes, et comme évêque il ne devait point être avec des femmes. Ainsi, c’est une petite correction ; mais Duperret n’a aucun reproche à se faire. Marat n’ira point au Panthéon ; il le méritait pourtant bien. Je