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aux Amis de la Paix ; je ne puis vous l’envoyer ; j’en demanderai la publication, je crois bien en vain. J’avais eu une idée hier au soir, de faire hommage de mon portrait au département du Calvados ; mais le Comité de Salut Public, à qui je l’avais demandé, ne m’a point répondu ; et maintenant il est trop tard. Je vous prie, Citoyen, de faire part de ma lettre au citoyen Bougon, procureur-général-syndic du département ; je ne la lui adresse pas pour plusieurs raisons. D’abord je ne suis pas sûre que dans ce moment il soit à Évreux ; je crains de plus qu’étant naturellement sensible, il ne soit affligé de ma mort. Je le crois cependant assez bon citoyen pour se consoler par l’espoir de la Paix. Je sais combien il la désire et j’espère qu’en la facilitant, j’ai rempli ses vœux. Si quelques amis demandaient communication de cette lettre, je vous prie de ne la refuser à personne. Il faut un défenseur, c’est la règle. J’ai pris le mien sur la Montagne : c’est Gustave Doulcet. J’imagine qu’il refusera cet honneur. J’ai pensé demander Robespierre ou Chabot. Je demanderai à disposer du reste de mon argent, et alors je l’offre aux femmes et enfants des braves habitants de Caen partis pour délivrer Paris. Il est bien