Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

punir tant de monde. Tous ceux qui me voyaient pour la première fois prétendaient me connaître de longtemps. Je crois que l’on a imprimé les dernières paroles de Marat ; je doute qu’il en ait proféré ; mais voilà les dernières qu’il m’a dites. Après avoir écrit vos noms à tous, et ceux des administrateurs du Calvados qui sont à Évreux, il me dit, pour me consoler, que dans peu de jours il vous ferait tous guillotiner à Paris. Ces derniers mots décidèrent de son sort. Si le département met sa figure vis-à-vis celle de Saint-Fargeau, il pourra faire graver ses paroles en lettres d’or. Je ne vous ferai aucun détail sur ce grand événement, les journaux vous en parleront. J’avoue que ce qui m’a décidée tout à fait, c’est le courage avec lequel nos volontaires se sont enrôlés dimanche 7 juillet, vous vous souvenez comme j’en étais charmée, et je me promettais bien de faire repentir Pétion des soupçons qu’il manifesta sur mes sentiments. « Est-ce que vous seriez fâchée s’ils ne partaient pas ? » me dit-il. Enfin donc j’ai considéré que tant de braves gens venant pour avoir la tête d’un seul homme qu’ils auraient manqué ou qui aurait entraîné dans sa perte beaucoup de bons citoyens, il ne méritait pas