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vie de Fête-Dieu, tendue de blanc, ornée d’humbles fleurs.

Elle menait depuis sept ans cette lente existence quand retentirent les premiers grondements de la Révolution. Ils ne s’arrêtèrent pas au seuil de l’Abbaye. Au contraire, ils roulèrent sous ses voûtes en échos sonores, comme dans ces cathédrales où s’amplifie le moindre bruit.

Les États Généraux. La Bastille… Charlotte salua ces grandes nouvelles comme de grandes espérances. Tout la préparait à les accueillir dans la ferveur et l’enthousiasme.

Elle avait appris nom seulement à lire dans Corneille, mais encore à penser selon Corneille. L’ancêtre lui avait légué le culte farouche de la liberté.

Puis M. de Corday appartenait à cette noblesse libérale que les vues des Encyclopédistes et des Philosophes avaient séduite. L’injustice du droit d’aînesse, qu’il avait dénoncée dans un Mémoire, lui avait fait vivement sentir les abus du régime. Enfin le père et la fille avaient le même esprit de compassion, cette faculté de