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n’en ignorait pas les rumeurs. Car l’abbesse restait mondaine et ses protégées l’aidaient à recevoir. Puis Charlotte accompagnait les religieuses dans leurs visites aux pauvres. Et son besoin de se dévouer restait si vif que, dans le quartier Saint-Gilles, on a gardé longtemps le souvenir de cette jeune fille dont le zèle dépassait celui de ses pieuses compagnes, pourtant charitables par état.

Vers sa vingtième année, l’abbesse se déchargea sur elle de quelques travaux d’intendance. Charlotte correspondait avec des marchands, des fournisseurs. L’emploi ne lui déplaisait pas. Il lui permettait d’être utile à la communauté qui l’avait accueillie. Elle y déployait ce sens pratique qu’elle conservait, en vraie normande, parmi toutes les sautes, tous les contrastes de sa nature exaltée. Ainsi, quand viendront les temps instables des assignats, elle gérera finement les intérêts de l’Abbaye, elle se procurera de ces dentelles qu’elle connaît si bien et les utilisera comme monnaie d’échange.

Quelques arts d’agrément, des lectures, des promenades aux jardins de l’abbesse, des visites charitables ou mondaines, tels étaient donc les seuls incidents de sa simple vie, une