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On pourrait, sur le même terrain, produire des preuves contraires. Un bourgeois lettré de Caen, Laurent Esnault, qui écrivit des Mémoires pendant la Révolution, parle de « la fameuse Charlotte Corday ». Bougon-Longrais, lorsqu’il écrit à sa mère quelques instants avant d’être exécuté, invoque ainsi la jeune fille : « Oh ! Charlotte Corday ! Oh ! ma noble et généreuse amie… »

Mais il y a mieux. Un avocat de Versailles, Charles Vatel, qui mourut dans cette ville en 1885, a consacré une grande part de sa vie à l’étude de Charlotte Corday. Il a laissé sur elle un précieux livre, Charlotte Corday et les Girondins, et il se proposait d’écrire une biographie générale de son héroïne. La mort ne le lui a pas permis. Mais il a légué à la Bibliothèque municipale de Versailles les innombrables dossiers qu’il avait réunis pour cette œuvre capitale. C’est une mine sans fond. On s’y sent d’abord perdu. Je crois que peu de chercheurs l’ont explorée.

En particulier, Charles Vatel avait patiemment recueilli, de 1845 à 1870, les souvenirs de vieillards — servantes, compagnes de jeux — qui avaient connu Charlotte Corday au pays normand. Ces témoins étaient encore nom-