Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vement. Jusqu’au pied de l’échafaud, ils entonnèrent la Marseillaise. Celui qui vécut le dernier chantait toujours.

Vergniaud dit encore, et plus justement : « On cherche à consommer la Révolution par la Terreur ; j’aurais voulu la consommer par l’amour. »

On était, en effet, en pleine Terreur. Si le geste de Charlotte Corday n’en fut pas la cause, il en marqua du moins l’origine. Elle avait marché à l’encontre de son but. Elle avait voulu arrêter l’effusion du sang : jamais il n’avait tant coulé. La guillotine battait à un rythme dix fois accru. Telle fut la grande leçon du drame dont Charlotte Corday aurait senti l’implacable ironie. Elle avait prouvé la stérilité de la violence.

Le Destin, semble-t-il, a voulu montrer qu’on ne peut enfreindre le suprême précepte, le respect de la vie, fût-ce pour servir le plus bel idéal, la passion de la Paix.