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son dévouement de sa vie, se chargea de les cacher. D’abord dans des grottes, puis dans deux greniers. Et c’est là, dans une soupente où il ne pouvait ni se tenir debout ni allumer de lampe, que Salle écrivit sur Charlotte Corday une tragédie en cinq actes et en vers !.…

Mieux encore. Salle avait pour compagnon Guadet, beau-frère de Mme Bouquey. Les trois autres, Pétion, Buzot, Barbaroux, étaient cachés dans une seconde maison. Il leur fit parvenir sa pièce et leur demanda des conseils. Tous trois répondirent. Buzot regrettait que Salle ne s’en fût pas tenu à la stricte vérité. Pétion jugeait que l’auteur n’avait pas tiré du rôle de Charlotte Corday, « cette femme sublime », tout le parti possible et surtout qu’il avait peint Robespierre et Danton sous des couleurs beaucoup trop indulgentes. Barbaroux critiquait la fiction amoureuse et, patiemment, vers par vers, relevait les faiblesses. Ces trois lettres, fort longues, témoignent d’une stupéfiante liberté d’esprit chez ces hommes que guettait la mort.

En effet, ils furent dénoncés. Le 17 juin 94, une véritable armée, lancée à leur recherche, envahit le bourg. Des chiens même étaient chargés de les dépister. Salle et Guadet sont