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Louvet, poursuivi après l’échec de l’insurrection normande, lui consacrait, dans de hâtifs mémoires, des pages enflammées. Il enviait Barbaroux d’avoir reçu la lettre qu’elle lui avait écrite en prison : « Ou rien de ce qui fut beau dans la Révolution française ne demeurera, ou cette épître doit passer à travers les siècles. » Et l’auteur de Faublas se glorifiait d’avoir été nommé par Charlotte dans son interrogatoire. Pour lui, c’était l’immortalité : « J’ai donc reçu le prix de tous mes travaux, le dédommagement de mes sacrifices, de mes peines, des derniers tourments qui me sont réservés… Oui, quoi qu’il arrive, j’ai reçu du moins ma récompense : Charlotte m’a nommé, je suis sûr de ne pas mourir ! »

Un autre des Girondins proscrits, Salle, lui rendit un hommage plus touchant encore. Leur parti défait, lui et ses compagnons, Guadet, Buzot, Pétion, Barbaroux, d’autres encore, avaient quitté Caen et s’étaient jetés à travers la France. Ils étaient traqués comme des bêtes, repoussés comme des lépreux. Au prix d’angoisses et de souffrances indicibles, ils atteignirent Saint-Émilion. Une femme admirable, Mme Bouquey, qui paya d’ailleurs