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voir la Révolution glisser dans le sang. Comme elle, il avait eu pitié de Louis XVI, il avait souhaité que le peuple décidât de son sort. Ses strophes À Charlotte Corday sont bien dignes de leur héroïne, puisqu’elles témoignent d’autant de courage que de beauté :

Non, non, je ne veux point t’honorer en silence,
Toi qui crus par ta mort ressusciter la France
Et dévouas tes jours à punir des forfaits.
Le glaive arma ton bras, fille grande et sublime,
Pour faire honte aux dieux, pour réparer leur crime,
Quand d’un homme à ce monstre ils donnèrent les traits.

Arrêté le 7 mars 1794, il périt sur l’échafaud juste deux jours avant la délivrance du 9 Thermidor.

Quel magnifique et pur hommage lui rendit Pétion lorsqu’il apprit sa mort ! Il voulut redresser le jugement erroné qu’il avait porté sur elle. En pleine Assemblée de Caen, il s’écria : « Dans les temps ordinaires, la justice seule doit frapper les coupables. Mais, dans les circonstances actuelles, l’homicide de Marat est un acte de justice nationale. Une femme a montré l’exemple aux hommes. Puissent ceux-ci profiter de la leçon et purifier la France des scélérats qui l’oppriment ! »