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Apprenez aux forcenés ce que vaut la vie. Au lieu de la leur trancher comme un fil, que l’effroi des tourments désarme leurs mains parricides. »

Les dirigeants, sans tomber dans ces excès, tentaient de substituer, aux portraits bienveillants de Charlotte, de grossières caricatures. Ainsi, dès le 21 juillet, le Conseil Général de Paris publiait une affiche reproduite par tous les journaux : « Cette femme, qu’on a dite fort jolie, n’était pas jolie ; c’était une virago plus charnue que fraîche, avec un maintien hommasse et une stature garçonnière ; sans grâce, malpropre, comme le sont presque tous les philosophes et les beaux esprits femelles. Sa tête était celle d’une furie ; sa figure était dure, insolente, érysipélateuse et commune, mais avec une peau blanche et sanguine, de l’embonpoint, de la jeunesse, et une évidence fameuse. Voilà de quoi être belle dans un interrogatoire… »

Mais tous ces efforts devaient rester vains. Dès que le culte de Marat perdit de son ardeur oppressive, dès que s’éteignit le délire populaire, on vit refleurir la douce image de Charlotte. Elle orna des bijoux, des éventails, des bonbonnières. Désormais, par centaines, des