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ascendant. Fouquier-Tinville les avait consultés sur l’opportunité de publier dans les journaux l’interrogatoire de Charlotte et ses deux lettres datées de la prison. Ils écrivirent à l’accusateur public : « Le Comité pense qu’il serait inutile et peut-être dangereux de donner trop de publicité aux lettres de cette femme extraordinaire, qui n’a déjà inspiré que trop d’intérêt aux malveillants. »

Cette femme extraordinaire !… Mais s’ils subissaient ce doux pouvoir, les hommes en place en sentaient aussi le danger. Ils s’efforcèrent de le combattre. Un des membres du Tribunal révolutionnaire, Leroy, osa écrire « qu’il était affligeant de voir des condamnés se présenter au supplice avec autant de fermeté que Charlotte Corday et que, s’il était accusateur public, il ferait, avant l’exécution, saigner les condamnés pour affaisser leur maintien courageux ».

Il ne dépassait pas en férocité ce pétitionnaire, Guirault, qui, à la barre de la Convention, à la séance du 14 juillet, avait demandé que l’on inventât pour Charlotte des supplices nouveaux : « Décrétez une loi de circonstance. Le supplice le plus affreux n’est pas assez pour venger la Nation d’un aussi énorme attentat…