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préméditation et avec des intentions criminelles et contre-révolutionnaires ? » Montané l’avait remplacée par ce texte : « L’a-t-elle fait avec des intentions criminelles et préméditées ? »

Fouquier-Tinville l’accusait d’avoir été favorable à Charlotte Corday, d’avoir fait preuve à son égard de faiblesse et d’indulgence. Qu’eût-il dit s’il avait su que Montané avait suggéré à Chauveau-Lagarde de plaider la folie ?

En réalité, Fouquier-Tinville était surtout furieux qu’on n’eût pas constaté dans le jugement « les intentions contre-révolutionnaires de Charlotte Corday ». Une arme lui échappait, qui lui aurait permis de rouvrir le procès, d’atteindre des complices, d’enlever de nouvelles têtes.

En tout cas, Montané avait risqué la sienne. Le 30 juillet, en effet, le Président du Tribunal révolutionnaire était arrêté sur l’ordre du Comité de Salut Public, pour avoir, dans le jugement de Charlotte Corday, « changé la rédaction de la troisième question posée aux jurés ». Heureusement pour lui, on l’oublia dans sa prison. Il fut sauvé par le 9 Thermidor (27 juillet 1794) où tomba Robespierre et