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regardaient passer Charlotte Corday dans cette charrette qui, d’ailleurs, devait bientôt les emporter tous trois. Il s’appelait Adam Lux.

À la fin de l’année précédente, les habitants de Mayence, gagnés aux idées de la Révolution, avaient souhaité d’être réunis à la France. Adam Lux, député de l’assemblée locale, fut chargé de porter ce vœu à la Convention, qui l’adopta le 30 mars 93.

Adam Lux devenait citoyen français. Âgé de vingt-huit ans à peine, blond, les yeux bleus, sensible et rêveur, il était docteur en médecine, marié, père de deux petites filles. Il se proclamait lui-même « disciple de Rousseau ».

Il arrivait pénétré d’admiration pour les grands principes révolutionnaires. Il croyait trouver en France l’âge d’or. Le spectacle de la réalité, ces discussions, ces haines, cette oppression, ces violences, le déçurent affreusement. La proscription des Girondins, dont il partageait les idées, acheva de le bouleverser.

Il éprouvait un tel dégoût qu’il songea au suicide. Il prépara le discours qu’il tiendrait à la barre de la Convention avant de disparaître. « J’ai juré d’être libre ou de mourir. Par conséquent, il est temps de mourir. Depuis le