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seraient accordés à un citoyen que dix ans après sa mort.

Les symptômes de la désaffection populaire ne manquaient pas. En janvier, la suppression de la pyramide du Carrousel avait été officiellement décidée. Or, les passants aidaient les ouvriers à la démolition, comme à la prise de la Bastille. Et des crieurs, toujours prompts à suivre le vent, débitaient, sur ce joyeux chantier, une brochure intitulée les Crimes de J.-P. Marat.

À ce moment, un journal publia un extrait d’un ouvrage de Marat, le Plan de Constitution, où il apparaissait que « l’ami du peuple » soutenait le retour à la monarchie, seul gouvernement qui convînt à la France. Ce fut le dernier coup à l’idole chancelante. Elle croula. Marat royaliste !

Le lendemain, le buste de Marat disparut des salles de théâtre, de la Convention même. On arrêta des manifestants qui voulaient promener l’emblème réprouvé par les rues. Enfin, de jeunes ouvriers du faubourg Saint Antoine se rendirent en cortège au Jardin du Palais-Royal, y brûlèrent un mannequin qui représentait Marat. Ils recueillirent les cendres dans un vase de nuit et les jetèrent dans