Un culte naissait, farouche : les époux Loison, de pauvres montreurs de marionnettes des Champs-Élysées, qui avaient habillé une figurine en Charlotte Corday et lui faisaient crier : « À bas Marat ! », furent arrêtés pour manœuvres coupables et guillotinés. L’image de Marat était innombrable. On plaçait son buste dans toutes les salles publiques. On distribuait son portrait aux écoliers. On vendait des bagues, des épingles de cravate, des tabatières à l’effigie de Marat. Autant de fétiches, d’ailleurs, et de gages de patriotisme. Sa mort inspirait des pièces de théâtre, des complaintes par centaines. On enseigna dans des écoles le signe de croix au nom de Marat, le Credo de Marat.
On donnait aux enfants le prénom de Marat. Joachim Murat, qui devait devenir roi de Naples, demanda à la Convention de changer son nom contre celui de Marat. À Paris, on débaptisa des places et des rues. Tout ce qui s’appelait Montmartre s’appela Montmarat ; la rue des Cordeliers devint la rue Marat ; la place de l’Observance devint la place de l’Ami du Peuple. En province, où s’élevaient partout, au pied de l’arbre de la Liberté, des cénotaphes à sa gloire, plus de quarante loca-