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disait volontiers que Charlotte avait « été une nouvelle Judith suscitée par Dieu pour sauver la France ».

Mme de Bretteville était coupable, aux yeux des maratistes, d’avoir recueilli Charlotte Corday pendant deux ans. Dès que la mort de « l’ami du peuple » fut connue, on perquisitionna chez la bonne dame. Elle voulut se dérober aux recherches et, pendant la descente de police, se cacha derrière les rideaux d’un lit, dans l’arrière-boutique des Lunel. Craignant de nouvelles inquisitions, elle enferma même son argenterie dans un coffre, que le menuisier ensevelit dans le sol de son atelier.

Les plus exaltés demandaient que l’on rasât sa maison. Ils ne furent pas écoutés. Mais, chaque soir, des manifestants défilaient sous ses fenêtres, à la lueur des torches. Ils portaient en triomphe le buste de Marat et hurlaient de féroces refrains.

Cependant, Augustin Leclerc continuait de veiller sur elle, bien qu’il fût accablé de chagrin par la mort de Charlotte Corday. Jamais il ne devait s’en consoler, jamais il ne cessa d’approuver hautement son geste. Dès que Mme de Bretteville put s’éloigner de sa maison