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dormir au sein d’une illusion douce et trompeuse, et croire au retour prochain de l’ordre et de la paix dans ma patrie… Mais non, j’emporte avec moi l’idée déchirante que le sang va couler à plus grands flots ! Oh ! Charlotte Corday ! Oh ! ma noble et généreuse amie ! Toi dont le souvenir occupa sans cesse ma mémoire et mon cœur, attends-moi, je vais te rejoindre ! Le désir de te venger m’avait fait jusqu’à ce jour supporter l’existence. Je crois avoir assez satisfait à ce devoir sacré ; je meurs content et digne de toi… »

Quant à Gustave Doulcet, Charlotte l’avait injustement accusé dans le billet qu’elle lui adressa au moment de mourir. Lorsqu’il le reçut, tout ouvert, le 20 juillet, il resta stupéfait. Il ignorait absolument que Charlotte l’eût demandé pour défenseur. Il réclama par écrit des explications à Montané, qui les lui fournit aussitôt. Le 16 juillet, l’accusateur public avait bien informé Gustave Doulcet que l’accusée l’avait choisi pour son conseil. Mais le gendarme, chargé de porter la lettre de Fouquier-Tinville, n’étant pas parvenu à trouver le destinataire, l’avait rapportée tardivement à l’accusateur public.