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elle-même. Elle ne se plaint jamais… Je suis obligée de deviner quand elle est malade. Car elle ne le dirait pas. »

La vie était moins animée, moins joyeuse au Mesnil-Imbert qu’à Glatigny. Chez son oncle, Charlotte rencontrait une folle troupe de cousins et de cousines. C’était d’ailleurs un continuel va-et-vient entre les deux châteaux, très voisins. L’hiver, dès que la neige tombait, on avait pour premier soin de déblayer la grande allée d’ormes qui les unissait, afin que les relations ne fussent pas interrompues. Et, à toute époque, on s’appelait de l’une à l’autre demeure par de gaies sonneries de trompes.

Toute cette jeunesse raffolait des petits jeux de société. Et Charlotte était la première à les organiser. Sérieuse la plupart du temps, elle avait de soudaines poussées d’enjouement, comme elle avait de subites rougeurs. Ainsi, elle restait muette tout le temps d’un repas et, dès la table quittée, elle se montrait la plus ardente à ces naïfs amusements.

Si les choses se souviennent, les boiseries de Glatigny doivent se rappeler ces fougueuses parties de colin-maillard où le joueur aux yeux bandés, lorsqu’il s’était emparé de la cousine Charlotte, ne manquait jamais de la recon-