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« J’ai pensé demander Robespierre ou Chabot. »

Cependant le ton est plus grave que dans la lettre de l’Abbaye. C’est souvent celui d’un testament. Elle explique pour quelles raisons elle n’a pas adressé cette suprême lettre à son ami Bougon-Longrais. Elle n’est pas sûre qu’il soit à Évreux. Elle craint qu’étant naturellement sensible il ne se soit affligé de sa mort. « Je le crois cependant assez bon citoyen pour se consoler par l’espoir de la Paix. Je sais combien il la désire et j’espère qu’en la facilitant j’ai rempli ses vœux. »

Sa certitude d’avoir rétabli la Paix s’affermit encore dans cette lettre. Ainsi, elle pense que Lauze de Perret et Fauchet, arrêtés la veille, seront remis incessamment en liberté. Cette conviction d’avoir bien servi la Paix ne cesse pas de la soutenir : « Je n’ai jamais estimé la vie que pour l’utilité dont elle devait être. » Aussi ne craint-elle pas la mort, si proche. Mais elle ignore comment se passeront les derniers moments : « C’est la fin qui couronne l’œuvre. »

À la veille de sa mort, parmi ses suprêmes volontés, elle recommande à Barbaroux Mlle de Forbin, lui donne son adresse en Suisse :