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s’adressait bien au Girondin, mais elle la destinait dans sa pensée à ses parents, à ses amis, à tous ceux qui s’intéressaient à elle. Ces sept pages sans rature, écrites entre le meurtre et l’échafaud, où brillent tour à tour son ardente générosité et sa grâce malicieuse, témoignent bien de sa stupéfiante liberté d’esprit. Elles reflètent et concentrent tout le drame.

Charlotte débute par ce bref et charmant récit de voyage où elle raille le soupirant « qui aimait sans doute les femmes dormantes ». Ayant expliqué comment la revue du 7 juillet fixa son départ, elle étale son plan primitif : « Alors mon projet était de garder l’incognito, de tuer Marat publiquement et, mourant aussitôt, laisser les Parisiens chercher inutilement mon nom. »

Arrivée à Paris, elle dit sa crainte de compromettre Lauze de Perret, son désir de le sauver en l’envoyant à Caen. Elle avoue qu’elle a dû employer un « artifice perfide » pour pénétrer jusqu’à Marat. Mais elle invoque « son oracle Raynal », qui dit qu’on ne doit pas la vérité à ses tyrans.

Sur le meurtre même, elle s’étend peu. « Les journaux, dit-elle, vous en parleront. » Cependant elle cite les dernières paroles de