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enseignait à l’admirer en même temps qu’à le déchiffrer. Tous les Corday étaient extrêmement fiers de leur illustre ancêtre.

La famille entière ne recueillait ainsi la fillette que pour aider ses parents, pour alléger d’autant leur fardeau. Car M. de Corday d’Armont n’était pas riche. Il avait trois filles et deux fils. Sa femme était de petite santé. Le droit d’aînesse, dont il était victime, ne lui avait laissé qu’un étroit domaine, qu’il cultivait lui-même avec plus de zèle que de connaissance pratique.

Il souffrait d’autant plus de la gêne qu’il avait au plus haut point l’instinct charitable. Il cherchait toutes les occasions de secourir quiconque était plus déshérité que lui. Au village, de maison en maison, il traquait l’infortune cachée. On a longtemps répété dans le pays ce touchant dicton : « Les Corday étaient pauvres. Mais les pauvres ne s’en sont jamais aperçus. »

Mais, pour Charlotte, cette enfance errante était une enfance heureuse. C’est au château de Mesnil-Imbert, chez ses grands-parents, qu’elle habitait le plus souvent. Elle y était particulièrement choyée, par les deux vieillards et par leur fille, Mlle de Cauvigny. Il y